mondivino ou la guerre du goût

C'est en buvant un nuit St George que je me suis rendue compte que tous les vins Sud Africains ou Sud Américains (si vous saviez à quel prix on vend le mauvais vin français ici...) avaient le même goût : un goût fût de chêne pas désagréable au demeurant mais toujours pareil.

Et voilà-ty pas que je tombe sur Mondovino qui dit la même chose que moi !
C'est donc un documentaire très réjouissant (sauf l'image enfin, ça peut intéresser les amateurs d'art moderne) où l'on apprend que si les vins "du nouveau monde" ont tous le même goût, c'est grâce à Mondovino (USA) pour le volet économique, Michel Rolland (France) pour la technique et Robert Parker (USA) pour le plan média.
Ca fait peur : Michel Rolland travaille aussi pour des Bordeaux, jusqu'où ira l'uniformisation des goûts ?
Mais ça rassure aussi : aux Etats-Unis ou en Italie les cavistes ne s'y trompent pas ; le combat gagné par les "cul-terreux" (dixit Rolland) du Languedoc fait chaud au coeur, cela dit, le nouveau projet qui ressemble beaucoup à celui de Mondovino mais avec des protagonistes différents (dont Depardieu) n'accueille pas la même hostilité, était-elle seulement anti-américaine ?
L'histoire de cette bataille historique fait penser au roman "Cloche-merle" : guerre de petit village avec les noms qui se chuchotent, les regards pleins de sous-entendus quand on parle de l'ancien maire PS.
Il y a encore pleins de choses à dire mais je vous laisse découvrir le film en citant cette dernière phrase : "nous connaissons très bien nos employés [mexicains], nous les appelons par leur prénom, nous discutons avec eux dans les vignes, et nous leur donnons un tee-shirt ou une casquette selon l'année." On ne saura pas combien ils sont payés, dommage !

Mondovino, c'est aussi et surtout un film sur la mondialisation, vue à travers le vin. Ou comment les gros écrasent les petits, on verra le viticulteur toscan, chilien, ou languedocien face à la même machine (aux même groupes) défendre sa production et son mode de vie. Le mépris dont font preuve les "gros" est souvent à couper le soufle, voir les propos de Michel Roland traitant de cul terreux les viticulteurs du Langued'oc, ou encore le gros propriétaire chilien qui nous explique que si les indiens sont pauvres c'est qu'ils manquent d'ambitions et que c'est dans leur culture (nature). Les journalistes vont même jusqu'à sonder plus profondément leurs interlocuteurs et on verra le propriétaire de chateau toscan regretter Mussolini (mais heureusement y a Berlusconi maintenant) et celui du Chili qui regrette Péron admirateur d'Hitler mais pas antisémite.
Le patron de Mondovino nous expliquera aussi que la France est un pays d'archaïsmes et que c'est à cause des communistes qu'ils n'ont pas pu envahir le Langued'oc. A cause de cette histoire, le maire PS, favorable au projet s'est vu subtiliser son siège par un maire coco... et vive le pinard avant d'aller aux urnes.
Il y a apparemment une résistance qui s'organise et des vignerons qui refusent de se laisser séduire par les vins formatés, en attendant je vous engage à vous méfier du goût fût de chêne. " Y a des vins qui vous bluffent, ils sont tout en largeur et y a rien en longueur."

Sur le sujet une pétition qui circule, sur le site de la conf'... très joli!

http://contrelesnaufrageursduvin.org/index.php

P.S. : les amateurs de BD seront comblés.