La marche truque-ADG

ADG, La marche truque, Série Noire 1473

Lyrique dans le ton de la série noire, bourré de considérations poilantes et grinçantes. Parfois des phrases telles que « Bâffrons et que le diable nous protège » remontent de sales images (Celle-ci me fait irrémédiablement penser à un couplet d’une chanson de la Waffen SS). Ici, on campe des politiciens pourris de vices et de crimes, les filles ont les yeux clairs et l’honneur se perd. ADG manipule la provocation chère aux milieux d’extrêmes droites. On sent une fascination pour le baroudeur, le type qui fait sa route à l’écart de la société forcément corrompue. Tout au long de la marche truque on suit un duo d’outsider en cavale. Y en a un qu’est maquereaux, y en a un que le gratins politicard voudrait bien effacer biscote il possède des documents sur une sinistre barbouzerie. Pour la narration, on passe du « Je » au « il » suivant le point de vu (on pense à Pouy et son RN 86).

ADG pourrait bien être qualifié, à l’instar de Céline, d’anarchiste de droite, mais bon les étiquettes... Quoi qu’on en dise il écrit avec un style sacrément costaud, il métaphore à gogo
-Mon atelier énonça fièrement Clicheton en délourdant. Tellement profond que si les anges sonnaient leurs trompettes dedans pour annoncer l’omnibus pour Joséphat, on les entendrait pas.
Il calibre ses calembours et jeux de mottes finement. Sans parler des néologismes bienvenus et de la poésie qui te pète à la gueule au détour d’un paragraphe comme une mine posée là. Tu marches dessus et BOUM sans que tu comprennes comment ça te touche, en plein dedans. On ne s’ennuie pas à la lecture de la marche truque. Voilà tout.

Et puis agrémenté d'une baveuse aux petits oignons réservée aux intimes en compagnie d'un Chinon à araignée que le mec Rabelais il s'en relève la nuit pour s'en coller plein la hure.


Au long de la marche truque d’ADG on croise le Yellow Submarine des Beatles, un slove, du Léo Ferré, La lettre à Elise de Beethoven, Oh When the saints, un duo piano & voix, un drôle de cantique, Yves Montant, Mozart...

hé hé, j'ai lu "Pour venger pépère" d'ADG, j'avais bien aimé aussi. Le côté anarchiste de droite (bizarrement, cette étiquette m'est apparue évidente) m'avait bien plu, non que j'adhère aux idées mais les formes et les mots utilisés m'avaient bien fait rigoler.
Pour une écriture aussi plaisante mais avec des idées situationnistes (je crois, ouais moi aussi "je trouve ça super naze de mettre les gens dans des cases, trop naze" ), j'ai bien aimé les bouquins du colonel Durutti, je crois que c'est difficile à trouver à part en faisant les yeux doux à Ludo...